Les Katangais devraient laver leurs linges sales en famille. Pour cela une grande réunion de réconciliation est prévue du 16 au 17 mai à Lubumbashi. Dans le rôle de médiateur, il y a monseigneur Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi. Il en est aussi l’organisateur.

En point d’orgue, il devrait y avoir une poignée de main entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi. Les deux hommes sont-ils prêts pour cet accolade ? C’est la question qui taraude tous les esprits.

Ce n’est pas la première tentative pour faire rencontrer les deux hommes. La fondation katangaise y était presque arrivée en 2020. Une date et un lieu avaient même était choisis. Kabila, Katumbi et les notables katangais devraient se rencontrer à Kalemie au mois de juin. Mais en dernière minute, tout est tombé à l’eau. D’autres ont tenté l’expérience, sans succès.

Monseigneur Fulgence lui espère réussir où tant d’autres se sont cassés les dents. Pour minimiser les risques d’un échec cuisant, le prélat catholique a multiplié les rencontres avec les proches des deux frères ennemis. Olive Lembe Kabila, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat congolais est passée par l’archevêché il y a quelques mois. C’est aussi le cas du grand chef M’siri qui a des liens de paternité avec l’ancien gouverneur du Katanga. Plusieurs réunions dont certaines discrètes, se sont tenues dans le même cadre.

Dans la province cuprifère, le désir de voir tous les katangais parler d’une même voix est grand. L’épineuse question est de savoir si les deux principaux protagonistes de cette guerre fratricide sont  prêts à enterrer la hache de guerre. Rien n’est moins sûr.

Kabila et Katumbi sont-ils prêt à se réconcilier ?

Dans l’entourage de ces deux « grands prêtres » (appellation typiquement congolaise désignant des personnages importants), on semble être d’accord sur le principe. C’est le timing qui semble poser problème.

Dans le camp Katumbi, cette rencontre projetée est perçue par certains ténors comme un risque. C’est celui de voir une partie de l’électorat de l’Ouest du pays qui ne tient pas Kabila en odeur de sainteté, s’éloigner. Pour eux, si rencontre entre les deux hommes, devrait y avoir, ce serait après la présidentielle de 2023.

Katumbi était parti une première fois en exil lors de la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Il est parti une deuxième fois en exil à cause d’un conflit avec Joseph Kabila. Dans l’un et l’autre cas, il avait perdu beaucoup d’avoir et des biens. Ce qu’il ne semble pas prêt d’oublier.

Côté de l’ancien président congolais, il y a aussi des hésitations. Lui-même avait déjà déclaré à plusieurs reprises qu’une « réconciliation » est inopportune car,  il dit n’être en conflit avec personne. Pour plusieurs membres de sa famille biologique et politique, la pilule de ce qu’ils appellent « la trahison » de Katumbi ne semble pas encore être passée. Il en est de même de la fameuse tirade des « 3 faux penalties ». Dans le camp Kabila on souhaite que l’ancien gouverneur aille à Canossa et non une réunion de famille où les deux personnalités seront mises sur un même pied d’égalité.

Comme on peut le voir, il y a encore des rancœurs en l’air, voire des rancunes. Dans ces conditions, la paix des braves tant attendu, risque bien d’être hypothétique.

Reste à savoir si la forte personnalité de monseigneur Fulgence pèsera lourd dans la balance. Dans ce cas, il parviendra bien à faire fumer aux deux hommes le calumet de la paix. Wait and see disent les anglais

 

 

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