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RDC: « Kirata », l’incubateur du centre d’art Waza pour les artistes et les opérateurs culturels

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Une vingtaine d’artistes visuels et opérateurs culturels de plusieurs villes de la RDC participent, à Lubumbashi, à un second volet d’un programme d’incubation qui vise à « renforcer l’ancrage social et économique de pratiques artistiques principalement en art visuel ». Porteur de ce projet, le Centre d’art Waza (qui veut dire « imaginer » en swahili) de Lubumbashi se montre ambitieux.

La salle de conférence semble presque contiguë tant la disposition de chaises et l’installation des matériels de projection sont mesurées au centimètre près. L’ambiance est calme, les lueurs du soir zèbrent un mur bleuté où trône un tapis en noir et blanc avec la mention « Centre d’art Waza ».

Dans la salle de conférence de ce centre d’art de Lubumbashi, une dizaine de personnes aux profils variés sont venues assister au talk : des artistes visuels Rita Mukebo, Paul Malaba, Sarah Ndele, Daniel Mukembe, des personnalités académiques Sarri Middermartch, Véronique Poverello et d’autres acteurs culturels, Fundi Mwamba, Anthony Mutshipule, etc.

Marie-Hélène Perreira, commissaire d’exposition basée à Dakar et une des cadres de Raw Material Company, avait animé, le 20 octobre dernier, un atelier avec dix candidats de Lubumbashi retenus pour la suite du projet « Kirata ». Ce néologisme, une congolisation, est une refonte du concept « curator ». Le projet lancé entre mai et juin 2022 se poursuit par un second volet avec moins de candidats, mais avec un accompagnement mieux défini pour les participants.

Au-delà des appréciations communes et des échanges autour des pratiques artistiques au Sénégal, la projection du film « The Specter of Ghost Becoming », réalisé en 2021 par l’artiste vietnamien Tuan Andrew Nguyen, a marqué les esprits. Sarah Ndele, artiste performeuse, émue après l’histoire intime et singulière de la communauté vietnamienne du Sénégal : « C’est important de voir ce que les autres artistes font, j’avais l’impression que tout le Sénégal était ici », qui voyait « comment l’expansion de l’art est infinie, que la multiplication de supports est avantageuse pour les artistes ».

« J’ai appris, en lien avec l’histoire de la communauté vietnamo-sénégalaise, des histoires de métissage au Congo, que je ne connaissais pas avant », confie Mme Pereira, qui évalue son premier voyage au Congo comme « très enrichissant » et surtout « l’énergie particulière et intense à Kinshasa, qui suscite beaucoup de créativité au niveau artistique et culturel ». À Waza, on espère que « cette mise en relation, entre Kirata et d’autres centres culturels en Afrique, qui, née, va produire beaucoup de fruits dans le futur ».

Créer de connexions « horizontales »

Kirata, qui « désigne un opérateur culturel qui est particulièrement habile à donner du sens à la création artistique et démarcher des opportunités » selon un document de présentation du projet, se veut être un outil qui « renforce l’ancrage social et économique des pratiques artistiques principalement en art visuel », en RDC, précise Patrick Mudekereza, directeur de Waza.

Après 120 candidats rassemblés entre mai et juin pour des formations, 27 projets répartis entre Kinshasa à la plateforme contemporaine, Lubumbashi, Goma au Foyer culturel de jeunes et Kisangani au Studio Kabako, poursuivent l’aventure. Dans un mail, Waza précise que les profils retenus seront axés sur la création de contenu, l’animation et le numérique, l’art et la société et enfin l’économie de l’art.

Le centre d’art lushois vise à « donner des outils professionnels » aux artistes, mais aussi « créer une plateforme où les artistes peuvent échanger entre eux et que la plateforme leur soit un marché d’opportunités ». Les artistes de Lubumbashi profitent déjà d’un dispositif technique qui leur offre une connexion internet mensuelle gratuite « Waza Wazi (Waza ouvert) lorsqu’ils travaillent dans l’espace de Waza.

Kirata, projet en partenariat entre Habari RDC, Centre d’art Waza, Contemporary & et la FEC Haut-Katanga, a déjà trouvé ses premiers échos. Le projet sur la collection Léon Verbeek-Mwewa Kasongo, constituée de 9 000 œuvres d’art collectées il y a 30 ans dans différents quartiers de Lubumbashi et des environs et qui illustre la vie dans les quartiers populaires, a été présenté en Allemagne lors du Documenta 15, une de grandes foires d’art contemporain au monde. Il s’agit d’un des quatre projets majeurs de l’écosystème Kirata.

Les défis de Kirata

Si les premiers résultats de Kirata sont palpables, les défis n’en restent pas moins grands. À Kisangani, Kinshasa ou Lubumbashi, le marché de l’art congolais reste indéfinissable contrairement à d’autres arts qui sont créés et consommés localement, notamment la musique. « En regardant la chaîne de valeur, à Waza on observe que l’outil de l’exposition doit être mis en avant dans le marché de l’art grâce à des profils comme ceux de commissaire d’exposition », renchérit M. Mudekereza.

Deux jeunes commissaires d’exposition, Stéphane Kabila et Chadrack Kakule, tous travaillant en particulier sur la philosophie de l’art, sont parmi les premiers curateurs formés par l’incubateur Kirata, financé par l’Union européenne à travers son programme ACP (Créer en Afrique Centrale).

D’après un document d’ACP détaillant les projets sélectionné, 10 au total en Afrique, Kirata durera 12 mois et dont le montant total du projet est de 135.000 euros. Dans un reportage sur la Waza radio, la webradio du centre d’art, M. Mudekereza précise que Kirata « C’est un projet ambitieux même à l’échelle du Congo, mais nous voulons rester à taille humaine, rester ambitieux, mais pertinents ».

Il ajoute que Waza propose « un programme de mentorat et des outils des outils de professionnalisation avec des mentors d’Afrique du Sud, du Cameroun, de Suisse, d’Allemagne, du Sénégal, du Congo, etc. ».

À l’issue de ce dernier volet du projet, entre octobre et décembre, les artistes visuels et les participants à Kirata vont « présenter des prototypes de projet structurant » pour créer une interaction entre les œuvres d’art visuel et le public.

CNTLIVE

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