Accueil JUSTICE Assassinat de Lumumba: son dernier compagnon vivant charge l’ONU et la Belgique

Assassinat de Lumumba: son dernier compagnon vivant charge l’ONU et la Belgique

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Ancien compagnon de route de l’icône de l’indépendance Patrice Lumumba, Jean Mayani, 89 ans, continue de ruminer sa colère contre la Belgique et les Nations unies qui n’avaient pas empêché l’assassinat du premier Premier ministre de la République démocratique du Congo.

ÉCOUTER AVEC NATHALIE ROLLEY.

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Le vieil homme, rencontré à Kinshasa, compte participer la semaine prochaine aux cérémonies en hommage à Lumumba, dont une dent à valeur de relique vient d’être restituée par la Belgique à la RDC.

Dur d’oreille, les mains tremblotantes, ne pouvant marcher sans l’aide de sa canne et de ses proches, Jean Mayani s’exprime très lentement et difficilement, mais garde sa lucidité et un regard perçant. De temps en temps, il se perd dans son récit mais se rattrape vite, en donnant des détails sur des faits historiques de l’époque.

Aux élections de mai 1960, pour la circonscription de Stanleyville (actuelle Kisangani, nord-est), son fief, le Mouvement national congolais (MNC), formation politique “d’inspiration nationaliste”, alignait deux noms pour les législatives et les municipales: Patrice Emery Lumumba et Jean Mayani. Ils ont raflé les deux sièges à pourvoir.

Le 30 juin de la même année, l’indépendance du pays était officiellement proclamée et Lumumba désigné Premier ministre. Mayani est venu le remplacer à l’Assemblée nationale, mais très brièvement. Le 12 septembre, Lumumba était renversé puis, le 17 janvier 1961, assassiné au Katanga (sud-est) avec deux collaborateurs.

“Il fallait éliminer tous les nationalistes”, se rappelle, amer, Jean Mayoni.

Il ne décolère pas contre les Nations unies qui, dit-il, n’ont rien fait pour empêcher l’assassinat de son compagnon Lumumba.

“Avant que les mercenaires belges viennent au Congo, les Casques bleus étaient ici. Comment se fait-il que le secrétaire général de l’ONU n’ait pas empêché l’atterrissage de ces mercenaires?”, s’interroge M. Mayani.

“Il est resté les bras croisés. Il savait que les mercenaires allaient déstabiliser le Congo. Il a été complice de la position belge et des Etats-Unis qui connaissaient, par la CIA, la mission de ces mercenaires au Congo”, accuse-t-il, sans dire si Lumumba a été tué par des Belges.

– Torture – Pour lui, la décision de l’éliminer remonte à la Table ronde de Bruxelles organisée du 20 janvier au 20 février 1960: “Le type (Lumumba) a directement répété devant les Belges son slogan de tous les jours: +l’indépendance immédiate+ pour le Congo”.

Les Belges, “étonnés par son intransigeance”, fâchés, “avaient scellé son sort et décidé de l’éliminer”.

La Belgique, poursuit Jean Mayani, ne s’est pas arrêtée là. “Elle a tout fait pour mettre fin à l’avènement des nationalistes congolais au pouvoir d’Etat, sous le regard indifférent de l’ONU”, affirme-t-il.

Cette entreprise, poursuit le vieil homme, a continué après la mort de Lumumba. En 1961, “j’ai été arrêté pour avoir accueilli deux ministres du gouvernement central qui s’étaient enfuis avec Lumumba”, affirme-t-il à voix basse.

“Lors de la torture, ils m’ont cassé douze dents”, témoigne-t-il, en enlevant de sa mâchoire supérieure et en montrant à des journalistes de l’AFP et de RFI une prothèse de huit dents. Il affirme en porter une autre sur sa mâchoire inférieure, avec quatre dents.

L’année suivante, il était de nouveau arrêté et détenu à la prison centrale de Makala de Kinshasa, dont il est sorti après l’amnistie décidée en 1964 par le Premier ministre de l’époque, l’ancien chef sécessionniste katangais Moïse Tshombe.

Pour lui, l’héritage politique de Lumumba n’existe plus, toutes les valeurs portées par cette icône de l’indépendance congolaise ont disparu. Aujourd’hui, personne ne peut “gagner les élections sans la corruption”. “Ne vous faites pas d’illusion” (…) les gens ont opté en RDC que pour être élu, il faut la corruption”, répète-t-il.

“La corruption était bannie à notre époque”, assure-t-il.

ÉCOUTER AVEC NATHALIE ROLLEY.

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